Passaggio fra i mondi

Alessandro Riva
Extrait du catalogue « Passaggio fra i mondi »
Exposition à la galerie Vigato-Alexandrie 2001

VASI FERITI

e altre cose naturali e segrete

Oggetti sensibili - 2001 – olio su tavola – 50×60 cm

 

« Silvano D’Ambrosio est un des rares artistes contemporains capable de traduire la dimension tragique de l’existence dans un travail extrêmement articulé et complexe, fruit d’une forte tension éthique et d’un grand raffinement dans sa composition picturale où les continuels renvois aux thèmes et suggestions prélevés dans la vaste source de l’histoire de l’art et l’incessant jeu de renvois stylistiques entre la tradition artistique italienne et européenne du XV ème siècle toscan et lombard au miniaturisme flamand, jusqu’au XVI ème siècle espagnol.

Ils se mélangent entre eux sans jamais céder au risque de la citation ou du repêchage facile, cultivé et de salon, et où l’utilisation de thèmes provenant de formes amplement codifiées des commissionaires religieux (la nature morte comme symbole du memento mori et du language eucharistique, le paysage dans le sens eschatologique et divin, puis l’icône sacrée, le corpus christi) devient paradoxalement le moyen le plus extrème de réaffirmation de sa propre profonde altérité artistique et existentielle en rapport à un système, celui de l’art contemporain qui prime toujours plus sur le narcissisme, la superficialité, le spectacle plutôt que sur la substance du travail pictural et artistique. »

 

« (…) la peinture de Silvano D’Ambrosio est (et dans cela réside une grande partie de sa force) une peinture fondamentalement impétueuse, viscérale, en dépit des implications éthiques et du dessein qui la traversent constamment; une peinture très contrôlée et rigoureuse du point de vue technique, mais dans le même temps effrayante, enveloppante, presque alchimique et rituelle dans ses composantes, plus mystèrieuse et magique, celle dans laquelle le coup de pinceau et le trait se confondent entre eux dans une sorte de danse sabbatique et récitée au clair de lune avec les seuls instruments de la toile et du pinceau, un sabbat démoniaque ou divin – au fond cela a peu d’importance – de toute façon extrème, parfois à la limite de l’hallucination mystique ou dionysiaque, faite d’une couleur parfois liquide et légère jouée sur la toile avec la fluidité d’une aquarelle, parfois sèche et épaisse, parfois à peine visible entre le filigrane de la toile, parfois absolument classique dans sa tenue formelle contrôlée. »

Della fragilità - 2001 – olio su tela 60×50 cm
Vaso ferito - 2001 – olio su tela – 120×80 cm

« Silvano D’Ambrosio représente un cas dans le panorama de l’art contemporain: le cas d’un artiste en dehors des règles et des jeux, d’un artiste authentique et original, doué d’une habileté manuelle et d’une conscience d’un autre temps, catapulté les yeux fermés dans le coeur de l’ère technologique et digitale.

Et avec les yeux fermés, peut être, Silvano D’Ambrosio, peintre par nécessité et d’un talent naturel rarissime, pourrait aujourd’hui peindre ses inquiètantes natures mortes attaquées d’épines, ses paysages inondés, enflammés ou conquis par la désarmante force du temps, ses pélerins fatigués et ascétiques, doués d’une sagesse que seuls les saints et les fous utopistes possèdent; les yeux fermés avec la voix de la sensiblité des viscères et du coeur, avant même celle de la raison, car c’est du coeur et des viscères – en bref l’oeil intérieur que seulement les grands artistes solitaires et voyants savent affiner – que provient la rigueur monastique, éthique et intellectuelle qui transparait au travers de sa peinture. »

Alessandro Riva
Extrait du catalogue « Passaggio fra i mondi »